LE NGOYANOIS

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lundi 25 juillet 2011

Les amicales de ressortissants à l’UCAD : entre solidarité, culture, et politique


Faisant partie du décor de l’Université Cheikh Anta Diop, les amicales des étudiants ressortissants des localités constituent des structures de valorisation culturelle mais aussi de solidarité entre les membres.

Invitations à des journées d’intégration, informations d’assemblées générales, avis de dons de tickets pour telle ou telle localité font le décor de la devanture du restaurant Argentin de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ce qui renseigne suffisamment sur la floraison des organisations sociales dans le temple du savoir. Ici, l’appartenance locale et ethnique, prend le dessus sur l’appartenance idéologique. C’est la raison pour laquelle, elle est devenue un champ d’étude de plus en plus attractif pour les chercheurs en sciences sociales. L’université comprime en son sein de tendances lourdes de notre société. Chaque localité ou groupe ethnique cherche à faire valoir sa propre identité et la spécificité de sa culture. Ainsi, des journées d’intégration, des expositions et des journées portes ouvertes sont régulièrement organisées surtout en cette période de fin d’année.
Une seconde famille pour les membres
Ces associations constituent aussi des structures de solidarité et d’entre aide, entre étudiants d’une même localité. Khadim Diouf, président d’une de ses structures, UREK (union régionale des étudiants de Kaolack) nous met dans le bain. « UREK est un mouvement étudiant qui coiffe toutes les amicales d’étudiants ressortissants du Saloum. Si nous avons jugé nécessaire de mettre en place une telle structure, c’est parce que nous sommes conscients des liens historiques qui nous lient». Ces amicales œuvrent essentiellement sur trois volets : social, pédagogique, et culturel.
En ce qui concerne le volet social ces structures ayant conscience des difficultés que rencontrent les étudiants des autres régions, cherchent des voies et moyens pour améliorer leurs conditions de vie et d’études. « Nous nous sommes décarcassés cette année pour trouver deux appartement à la Médina. Ainsi, nous avons pu loger une quarantaine d’étudiants originaires de la région sur sélection de dossier », renchérit Khadim. Des séances de dons de tickets sont régulièrement organisées pour venir en aide aux nouveaux bacheliers et aux étudiants qui ne bénéficient pas de bourses. « Cette année par exemple explique le président de l’UREK, nous avons débloqué une somme de 3 000 000 FCFA soit la moitié de notre subvention pour l’achat de tickets à offrir à nos membres».
Sur le plan pédagogique, l’orientation des nouveaux bacheliers constitue un des centres d’intérêt de ces associations. Malgré les difficultés que rencontrent les Facultés pour accueillir tous les nouveaux bacheliers, ces organisations, en tant que groupe de pression, parviennent à insérer un bon nombre d’étudiants même les moins méritants dans les différentes facultés.
Le volet culturel aussi n’est pas en reste. Chaque année l’université de Dakar est rythmée entre le mois de mai et juin par les journées d’intégration des différentes localités. C’est un moment d’intenses rivalités culturelles. Le Kékendo (nom donné à l’amicale des étudiants ressortissants de la Casamance) s’illustre de fort belle manière dans ce registre. Chaque année au mois de mai, il organise des journées culturelles pour mettre en exergue montrer à leurs camarades étudiants, la culture casamançaise en général comme le prétend Mamadou Badiane, président de la dite amicale.
Toutes les autres amicales des différentes localités procèdent ainsi. Si 48 heures suffisent pour les unes, pour d’autres, 2 jours ne permettent pas toutes les facettes de leur culture.
Un repli identitaire dangereux
En dehors des amicales de ressortissants villageois, on note aussi, une recrudescence d’associations ou de regroupements ethniques au sein de l’ucad. Les associations d’ethnie Peulh comme «Dental », MEF (Mouvement des étudiants« Foulbé », de même que des mouvements d’étudiants Manjack, Sérères… viennent enrichir la forme d’associations. Ces minorités ethniques selon Ousmane Sarr, doctorant en sociologie, se croyant psychologiquement marginalisés, essayent de se replier sur elles même pour se faire valoir. Pour cela, ils vont s’appuyer sur leur richesse et leur specificité culturelle. Ainsi, des expositions, des journées d’informations sont tenues pour mieux faire connaitre leur culture. « Aujourd’hui avec la mondialisation et l’agression culturelle exercée par l’occident, il est important de se regrouper pour défendre jalousement nos traditions culturelles », rétorque Matar un membre de « Dental » (Union en langue Peulh).De tels replis identitaire ne constituent- ils pas une menace à la concorde nationale. Le débat est posé.
Une mainmise des politiques
Même si elles se disent souvent apolitiques, les amicales ne sont pas à l’abri des hommes politiques. La plupart d’entre elles sont entièrement prises en charge par ces dernières. Ils y trouvent aussi leur compte. C’est l’exemple de L’ UREK. Les deux appartements qu’elle détienne à la Médina sont entièrement payés par le Ministre Ndeye Khady Diop, elle-même originaire de Kaolack.
La tenue de leurs journées d’intégration a aussi été financée par celle- ci à hauteur de 2 millions de FCFA. « Nous bénéficions aussi d’une subvention du conseil régional de Kaolack à hauteur de 600 000 FCFA annuel, reparties sur deux tranches de 300 000 FCFA », ajoute Khadim Diouf.
Idem pour la quasi-totalité des amicales de ressortissants. Les étudiants de la Casamance ont eux pour parrain le Ministre Abdoulaye Baldé et ceux de Dagana, Oumar Sarr, pour ne citer que ceux là. Ces actions sociales ne sont pas toujours désintéressées. Ce sont des tentatives de récupération politique. Pour preuve les journées d’intégration se transforment souvent meetings politiques au regard des différents discours qui y sont prononcés.
Ndiol Maka SECK

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