LE NGOYANOIS

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lundi 25 juillet 2011

Exploitation de sel à keur Momar Sarr : Exploitation de sel à keur Momar Sarr

Certaines couches sociales de la population de Keur Momar sous le registre de la pauvreté continuent d’utiliser le sel extrait directement des rives. Ainsi, elles courent derrières le risque d’attraper beaucoup de maladie dont le goitre.

Pieds nus, pagne retroussée jusqu’aux genoux, Gansyri, bébé sur son dos s’active au milieu d’une rive à la recherche du sel. La cuvette est située à 2 Km de Keur Momar Sarr sur la route qui mène vers la zone de pisciculture. Physique imposant, teint noir et jambes bien enfoncées dans la boue, elle essaie d’écraser à l’aide de ses deux mains, un morceau de sel bien confondu avec la boue. Apres moult tentatives sans succès, elle réussit enfin à casser le morceau. Avec un tamis, elle filtre les grains de sel mélangés à la boue. Elle va ensuite verser de l’eau dans le tamis pour faire le dernier lavage. Ainsi, elle a son produit fini. Le sel est passé de la couleur rougeâtre à celle blanchâtre. Elle sort ensuite en tortillant les hanches, pour verser son produit final sur un tas à coté de la cuvette.
C’est ça son quotidien. Avec un intense soupire, dû certainement à la difficile épreuve qu’elle vient de subir, elle lance tout en dodinant son enfant « c’est un travail très difficile et épuisant. A mon retour à la maison le soir, je ne pourrai même pas assister aux causeries familiales, je suis tellement fatiguée que je dors plutôt ».
Elle n’est pas la seule exploitante de sel dans ce lieu, elle a ses coté, ses deux nièces, Diari et Marieme, ainsi que sa belle sœur Aminata. Mais ces dernières ne sont pas aussi ingénieuses qu’elle dans ce boulot. La quantité de ses exploits en atteste. Elle collecte à peu prés une cinquantaine de kilogramme par jour. Diari, assise sur une baignoire renversée, jambes couvertes de boue, se défend, son front tout sueur « il est difficile de travailler ici pendant cette période de forte canicule. Avec la chaleur, les grains de sel deviennent aussi tranchants que des tessons de bouteille ». Le produit, malgré la quantité est exclusivement réservé à la consommation. « Nous n’avons pas les moyens de le transporter jusqu'à Dakar pour l’écouler, nous somme obligés de le consommer, au moins ça peut amoindrir la dépense quotidienne », dixit Gansyri. Pars ailleurs, en plus des conditions d’hygiène douteuse sur la manière d’extraire ce sel, le déficit en iode, expose à beaucoup de maladies comme le goitre. Aminata, furieuse, bat en brèche cette hypothèse « les blancs nous trompent tout simplement. Nous nos arrières grand parents consommaient ce sel, nos parents le consommaient et nous nous le consommons sans être inquiétée par une quelconque maladie ». Elle poursuit « même si cela s’avère vrai, ceux qui le disent n’ont qu’à nous nous donner les moyens d’acquérir du sel iodé ». Au poste de santé, l’infirmier chef de poste M. Ibrahima Diallo fustige l’attitude de certaines populations, qui malgré les multiples caravanes de sensibilisation font la sourde oreille en continuant d’utiliser ce sel. « Le déficit de l’iode dans nos aliments cause bel et bien le goitre ». Malgré les risques encourus avec l’utilisation de ce produit non iodé, ces exploitants, sous le registre de l’ignorance ou d’un manque d’alternative, extraient et consomment fièrement cette substance blanche.
Ndiol Maka SECK

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